Bruno Cathala

- Créateur de jeu, c'est votre métier à temps complet ? Et si oui, depuis quand ?

Je suis auteur à temps complet depuis avril 2004. [NDLR : jusqu'à 2011-2012, Bruno travaillait à mi-temps dans une boutique de jeux et il a fait du développement pour l'éditeur Hurrican entre 2010 et 2013. Ce n'est donc que depuis 2013 que Bruno Cathala est auteur de jeux à temps complet].

- Que faisiez-vous avant ?

Avant j'étais ingénieur en sciences des matériaux, travaillant en R&D sur les alliages de Tungstène.

- Pourquoi tant de jeux en coopération avec un autre auteur ? Des auteurs "confirmés" mais aussi de jeunes auteurs ? Du coup, comment ça se passe ?

Créer c'est douter. Et douter à deux c'est plus confortable que douter tout seul. Par ailleurs, c'est un excellent moyen de sortir de sa zone de confort, en allant explorer des directions vers lesquelles on serait jamais allé seul. 

- Avec quel jeu avez-vous découvert que le jeu, ça pouvait être autre chose que le Monopoly ou le Trivial Pursuit et tous leurs dérivés ?

Fief, de Philippe Moucheboeuf

- De tous vos jeux, duquel(ou desquels)-êtes vous le plus fier ?

Demande-t-on à des parents duquel de leurs enfants ils sont le plus fiers ?

- Avez-vous une idée du pourcentage de vos prototypes qui aboutissent à une version éditée ?

C'est au dessus de 90%.

- Y'a-t-il un trait commun dans vos jeux ? Un thème, une mécanique qui revient souvent ?

Il y a plusieurs composantes qui me tiennent à cœur. Je privilégie le plus souvent l'interaction directe. Et j'aime interpeller le joueur sur son intelligence et sa capacité d'adaptation, plutôt qu'à un apprentissage l'amenant à dérouler une stratégie préétablie tout au long d'une partie.

- En dehors de vos jeux, si vous ne pouviez plus jouer qu'à un seul, ce serait lequel ?

Santorini ! [NDLR : Santorini est un jeu de Gordon Hamilton, édité par Roxley Games]

Sources : questions posées via facebook, mars 2017

Bruno Cathala avait déjà répondu très gentiment à nos questions en 2009. Nous avions posé sensiblement les mêmes questions, ce qui permet de voir une certaine évolution entre les deux.

- Créateur de jeu, c'est votre métier à temps complet ?
Oui et non. Je vis aujourd'hui à 100% du jeu, mais pour des raisons qu'il serait un peu long ici de développer (en gros: le statut d'auteur de jeu n'existe pas et nous sommes considérés et taxés lourdement comme des artisans), mes royalties ne suffisent pas. Je travaille donc aussi deux jours par semaine comme vendeur en boutique de jeux spécialisée.
- Que faisiez vous avant ?
Auparavant, j'ai travaillé comme ingénieur en Sciences des Matériaux dans un centre de recherche. C'est suite à un licenciement économique en 2004 que je me suis lancé à 100% dans le jeu.
- Pourquoi tant de jeux en coopération avec un autre auteur ?
Parce que créer c'est douter. Et que douter à deux est plus confortable que de douter seul. Et puis lorsqu'une réussite arrive, être heureux à deux est là encore plus agréable que d'être heureux seul.
- Au final, c'est plus facile ou plus compliqué à plusieurs ?
Ni plus facile ni plus difficile. C'est surtout différent.
- Et du coup, comment ça se passe ?
Il faut savoir faire le deuil de certaines de ses propres idées, et ce qui est très drôle c'est que ça se passe de façon très différente selon le partenaire de travail.
- Avec quel jeu avez-vous découvert que le jeu, ça pouvait être autre chose que le Monopoly ou le Trivial Pursuit et tous leurs dérivés ?
Enfant j'ai découvert le jeu de société avec le Monopoly, Richesses du monde, Risk et Cluedo. Mais aussi les grands classiques comme les échecs, le go. Mais c'est surtout la découverte à 18 ans de la revue Jeux et stratégie, et de FIEF, pion d'or Jeux et stratégie, qui m'a ouvert les yeux sur l'univers du jeu de société comme je l'aime.
- De tous vos jeux, duquel êtes-vous le plus fier ?
Sans Foi ni Loi, Le collier de la reine, Les Chevaliers de la table Ronde, Mr Jack à New-York, Jamaica, Dice Town, MOW, Cyclades
- Y'a-t-il un trait commun dans vos jeux ? un thème, une mécanique qui revient souvent ?
un bien pour un mal
je m'explique... j'aime inclure dans mes jeux des micro-mécanismes qui plongent le joueur dans des dilemmes du genre: "si je fais ça, je progresse plus vite par rapport à l'objectif, mais du coup, je m'affaiblis dans tel ou tel domaine,..."
- En dehors de vos jeux, si vous ne pouviez plus jouer qu'à un seul, ce serait lequel ?
Citadelles et Mare Nostrum

Sources : questions posées par mail (octobre 2009)